... Pour apaiser,
Il y avait bien dans ce pays-là, pour apaiser,
la terre rouge et féconde et les collines plantées de pins, à perte de vue les grands champs de coton et de maïs, et si vastes et profonds qu'à les parcourir sur leurs chevaux ceux de là-bas n'en voyaient pas même l'extrémité.
L'odeur pénétrante des glycines et les printemps de violettes et de cornouillers, et toutes les fois qu'à l'automne ils descendaient jusqu'au delta chasser le daim,
le gibier caché dans les roseaux, et les nuits, nous dit-on, qu'ils passaient tout habillés près des feux à boire le whisky et écouter les chiens courir dans le bois, quand ce n'était pas sur les mêmes bateaux jusqu'à la mer qu'ils allaient, demeurant là sous les palmiers sauvages dans la tiédeur des vents
et tous les bleus qu'il y avait,
à se dire que la vie pouvait être douce.
Michèle Desbordes